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Cartographie France assureurs 2023 des risques de la profession d’assurance

Comme chaque année, la commission Analyse des risques de France Assureurs, le principal organisme de représentation professionnelle des entreprises d’assurance en France, a élaboré la Cartographie prospective 2024 de la profession de l’assurance et de la réassurance.

Afin de réaliser cette nouvelle édition de la cartographie, France Assureurs a interrogé, fin 2023, 230 experts du risque provenant de 40 entreprises d’assurance et de réassurance et représentent 94% des placements et 93% du chiffre d’affaires des assureurs français.

Quels sont les principaux risques identifiés par France assureurs ?

Risques économiques

  • Équilibres démographiques : ruptures résultant de l’évolution de la mortalité et de la natalité (par exemple, amélioration des techniques de réanimation, nouveaux traitements contre le cancer…) avec un impact significatif sur l’évolution tendancielle du taux de mortalité et de l’espérance de vie, notamment en bonne santé. Le risque a des conséquences sur les équilibres publics-privés dans la prise en charge des risques sociaux, sur l’offre de nouveaux services à la personne, mais également sur les comportements de consommation (allocation de richesse, retraite, dépendance) et l’inflation des frais de santé.

 

  • Environnement économique : rupture d’un ou plusieurs agrégats économiques (par exemple récession, stagflation, déflation…) dans un contexte de marges de manœuvre limitées de la politique économique. Le risque aura notamment pour conséquences une hausse du risque de rachat et des impacts négatifs sur les marchés (financiers, immobiliers…). En non-vie, le risque de souscription serait particulièrement affecté en lien avec la dégradation du pouvoir d’achat.

 

  • Risque systémique : intensification du risque résultant d’une plus forte concentration des échanges sur un nombre limité d’intermédiaires (bourses, banques, monnaies…). Il pourrait en résulter une crise financière.

 

  • Risque de transition : ensemble des impacts financiers résultant d’une transition vers une économie bas-carbone désordonnée, trop tardive ou trop abrupte. Il en résultera une très forte hausse du coût du carbone dans un contexte de forte dépendance de certains secteurs aux énergies carbonifères, avec in fine une hausse des prix et une baisse de l’activité.

Risques environnementaux

  • Environnement et biodiversité : amplification des pollutions et de l’artificialisation des sols, déforestation, disparition accélérée de la biodiversité et de certains écosystèmes, dégradation des sols et des eaux (surutilisation, usage de pesticides, agriculture intensive, raréfaction du sable). Ces éléments ont un impact sur la santé physique et mentale et sur l’accès à l’alimentation. La disparition de certains écosystèmes accentue l’exposition humaine aux risques environnementaux (inondations, îlots de chaleur, émergence de maladies infectieuses).

 

  • Dérèglement climatique : augmentation de la fréquence et de la sévérité des événements climatiques (sécheresse, tempêtes, inondations…). Ces sinistres peuvent être aigus (par exemple : les tempêtes) ou chroniques (par exemple : la montée des eaux). Il a des conséquences globales notamment sur la santé des populations, les infrastructures et l’ensemble du système économique.

 

  • Risque pandémique : augmentation du nombre de maladies non identifiées à expansion massive et rapide, notamment infectieuses, favorisée notamment par le commerce international et le tourisme, résistance accrue aux antimicrobiens. Le risque aurait pour conséquence un engorgement, voire un effondrement, des systèmes de santé pouvant porter préjudice à la population. La réaction des pouvoirs publics est susceptible d’avoir un impact macroéconomique et sociétal fort (par exemple confinement, fermeture des frontières…).

 

  • Événement naturel exceptionnel : événement naturel (par exemple tremblement de terre, crue de la Seine, super-volcans, éruptions solaires, météorites…) dont les conséquences peuvent être exacerbées par la densification de l’urbanisme et le développement des réseaux de télécommunication. La survenance d’un tel événement à proximité de métropoles ou de sites à risque ou son impact sur la chaîne de valeur et les réseaux pourraient générer, par effet d’entraînement, de graves conséquences humaines et économiques.

 

  • Pénurie de matières premières et énergétiques : apparition de contraintes concernant l’exploitation, la production ou le transport de matières premières et énergétiques qui conduiraient à des pénuries de matières non substituables. Ces pénuries auraient un effet récessif direct.

Risques sociaux et sociétaux

  • Inégalités et tensions sociales : augmentation de l’écart de revenus ou de conditions de travail entre les différentes professions et catégories sociales, accru notamment par le recours croissant à l’intelligence artificielle (IA), avec une précarisation durable d’une partie de la population. Cette évolution aurait un impact sur la qualité du risque et la consommation d’assurance (moindre couverture, hausse de la fraude), ainsi que sur le nombre d’émeutes et de violences urbaines. Il pourrait en résulter une hausse du risque politique.

 

  • Dégradation de la santé mentale : notamment des capacités cognitives résultant (i) de l’intrusion incessante des outils numériques (risque d’addiction, de surmenage, de stress) et/ou (ii) du recours accru à des substances psychoactives (drogues récréatives, anxiolytiques, antidépresseurs…). Ce phénomène peut avoir des conséquences économiques pour les victimes (perte de compétences, difficulté de maintien dans l’emploi) et pour la profession de l’assurance (hausse des prestations en santé).

 

  • Crise migratoire : augmentation des migrations non maîtrisées à l’échelle internationale (guerres, conséquences climatiques ou économiques) ou nationale (désertification des espaces ruraux au profit des centres urbains). Cette crise peut avoir des conséquences sanitaires, sociales (difficultés d’intégration, de logement) et économiques (disparition de pôles d’activité, dépendance accrue des ménages ruraux à la voiture).

 

  • Risque lié à la conduite des affaires : risque encouru par les clients (consommateurs, professionnels, entreprises…), les institutions financières ou, de façon plus globale, par les marchés, du fait des comportements inappropriés d’un ou plusieurs acteurs des secteurs de la banque ou de l’assurance, qu’il s’agisse d’une institution financière ou de son personnel. Le risque lié à la conduite des affaires peut générer d’importants préjudices pour le consommateur et par conséquent détériorer la confiance des consommateurs et la réputation des professionnels. Les pouvoirs publics pourraient alors être amenés à réglementer et/ou légiférer.

 

  • Risques RH : accroissement des risques liés à la gestion des ressources humaines du fait de pénuries ou d’inadéquation de compétences, d’évolutions des moteurs motivationnels des salariés et d’une dégradation de la relation employeur-employé. Cela accroît la difficulté à trouver les compétences adéquates, à fidéliser les salariés et dégrade la qualité de service ainsi que la continuité de l’activité.

Risques technologiques

  • Intelligence artificielle : les avancées de l’IA et la diffusion rapide des outils l’utilisant permet de gagner en productivité. Cela peut cependant s’accompagner de risques pour l’économie et la société (cybercriminalité, enjeux éthiques, bouleversement du marché du travail). Les conséquences pour les assureurs seraient indirectes mais potentiellement sévères, du simple dommage de matériels à la perte d’exploitation, voire dans des cas extrêmes à la mise à l’arrêt de certaines activités économiques.

 

  • Cyberattaques : aggravation des cyberattaques, en particulier majeures, en nombre et en exposition, apparition de nouvelles formes et techniques, accroissement de la vulnérabilité (atteinte aux infrastructures majeures, voitures autonomes, pacemakers, objets connectés). Les conséquences sont d’ordre économique (au niveau de l’individu, de la société comme du pays) et géopolitique. Elles favorisent par ailleurs l’émergence de nouvelles formes de crimes organisés.

 

  • Disruption du secteur de l’assurance : provoquée par l’arrivée de nouveaux acteurs, parfois non soumis à la réglementation (GAFAM et insurtechs), et de nouveaux modes de consommation à la suite de progrès issus de l’intelligence artificielle. Elle a pour conséquences des pertes de parts de marché, voire des faillites pour les assureurs traditionnels.

 

  • Qualité des données et algorithmes : la profusion de données accroît le risque relatif à leur utilisation (fiabilité, lisibilité, pérennité et contrôle) notamment en rendant nécessaire le recours aux modèles et algorithmes de décisions (effet « boîte noire »). La numérisation des entreprises et un recours accru à l’intelligence artificielle (IA) concourent à augmenter ces risques. Les risques peuvent alors être réputationnels, en cas de décision contraire à l’éthique, ou opérationnels en cas d’inadéquation de l’algorithme à une situation nouvelle ou en cas d’erreur de développement.

 

  • Vulnérabilité des infrastructures stratégiques : des dysfonctionnements internes peuvent provoquer des accidents sur des infrastructures industrielles ou de réseaux. Ce risque est accentué par le vieillissement des infrastructures et l’insuffisance des contrôles sur les sites à risque (manque de moyens, sous-traitance…). Les coûts seraient humains (pertes humaines, impact sur la santé), mais également économiques et environnementaux.

Risques politiques

  • Risque politique français : résurgence de conflits intérieurs, d’indépendantismes, perte de confiance vis-à-vis du gouvernement, montée des populismes, polarisation de la société et blocage politique.

 

  • Risque politique européen : la montée des populismes dans les pays européens favoriserait la remise en question de la légitimité des instances européennes, la menace de sortie de la zone euro, voire l’éclatement de l’Union européenne.

 

  • Risque politique mondial : incapacité des instances internationales à résoudre les problèmes économiques, climatiques ou géopolitiques régionaux ou entre superpuissances, montée du protectionnisme et recul du multilatéralisme, guerres commerciales, cyber ou physiques, reconfiguration des puissances mondiales et des sphères d’influence. Les risques politiques français, européens et mondiaux pourraient avoir un impact sur la réglementation du secteur (pour les deux premiers risques), sur l’activité à l’international (pour les deux derniers risques) et sur les actifs (valorisation, impact sur les marchés financiers et les matières premières). Ils peuvent également se traduire par des mouvements de population et des perturbations des flux commerciaux.

 

  • Risque de terrorisme : le risque d’attaques terroristes s’accroît avec l’apparition de nouvelles formes d’actions et de nouvelles cibles. L’impact peut être important sur la fréquence des sinistres.

Risques réglementaires

  • Risque de non-conformité et de sanctions : augmentation de la complexité des réglementations et du niveau des sanctions. L’évolution des systèmes d’information contribue également au risque de perte de maîtrise des données, notamment personnelles. L’impact est important sur les coûts de fonctionnement (sanctions ou mise en conformité).

 

  • Changement règlementaire : risque d’avalanche réglementaire avec notamment un risque de surtransposition des directives européennes et des changements potentiellement rétroactifs. Certaines évolutions pourraient entraîner des conséquences opérationnelles, comptables ou prudentielles. Il en résulte une instabilité de la réglementation. Les conséquences peuvent toucher les entreprises en termes de coûts avec en particulier l’affectation de ressources humaines à des tâches auxiliaires. De nouvelles réglementations pourraient pénaliser le business model avec un risque de mise à l’arrêt de l’activité. Des évolutions des normes comptables ou du référentiel prudentiel pourraient conduire à une illisibilité du bilan et accroître le risque financier.

Tous ces risques sont susceptibles d’avoir un impact sur la souscription de contrats d’assurance, la sinistralité, les fonds propres et/ou le ratio de solvabilité des entreprises d’assurance.

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